© Ohmart, série photographique centre hospitalier Métropole Savoie, 2011
© Ohmart, série photographique centre hospitalier Métropole Savoie, 2011
© Ohmart, série photographique centre hospitalier Métropole Savoie, 2011
© Ohmart, série photographique centre hospitalier Métropole Savoie, 2011
© Ohmart, série photographique centre hospitalier Métropole Savoie, 2011
© Ohmart, série photographique centre hospitalier Métropole Savoie, 2011
© Ohmart, série photographique centre hospitalier Métropole Savoie, 2011
© Ohmart, série photographique centre hospitalier Métropole Savoie, 2011
© Ohmart, série photographique centre hospitalier Métropole Savoie, 2011
© Ohmart, série photographique centre hospitalier Métropole Savoie, 2011
Le temps d’attendre ou la chambre humaine
Extrait du texte de Michel Poivert
L’expérience de la camera obscura : une boîte suffisamment vaste pour contenir un homme, est hermétiquement close à l’exception d’un minuscule trou ménagé sur l’une de ses faces. La lumière y pénètre proportionnellement aux obstacles qu’elle rencontre entre sa source (le soleil) et l’orifice. Ainsi un paysage présentera des arbres ou des maisons entre les deux points. Une fois passée par l’orifice, la lumière se diffracte à l’intérieur de la boîte et projette sur la face opposée l’image de l’extérieur, inversée haut-bas et droite-gauche, en couleur. Cette projection est d’une intensité lumineuse variable, son flot est continu. Du cinéma à l’état sauvage : la projection du réel s’effectue de façon primitive sans que rien ne l’enregistre. Si l’on souhaite enregistrer cette projection continue, et donc la fixer, il faut prévoir un support photosensible sur la face de la camera obscura qui reçoit l’image. Dès lors, on obtiendra grâce à divers procédés (chimie argentique notamment), une empreinte qu’il faut ensuite développer dans un bain chimique. On fera alors de la photographie.
L’idée du collectif Ohm-art consiste à transposer cette technologie à l’échelle de la chambre d’un patient du centre hospitalier, de lui faire vivre « en direct » la projection à l’intérieur de sa chambre obscurcie et ouverte par un petit oculi sur le monde extérieur. La magie opère lentement : le paysage se projette à faible intensité sur le mur et le sol de la chambre, le patient peine à distinguer les formes puis peu à peu commence à percevoir le phénomène physique. L’image des bâtiments envahit doucement la chambre, celle des nuages qui passent paisiblement déroule sur le sol. Un opérateur son à l’extérieur de la chambre dialogue avec le résident par un micro. Le patient peine à comprendre le sens de l’expérience et décrit, plein de bonne volonté, le noir qui l’entoure. Puis, peu à peu, la bande-son du dialogue rejoint le flux de la lumière, les deux hommes commencent à se comprendre, la magie opère. Le résident de la chambre s’étonne, s’agace de voir sans comprendre puis, progressivement, distingue en même temps qu’il réfléchit au phénomène physique dont il est le témoin.
Magnifique expérience. Nous assistons en direct à l’émerveillement face au phénomène physique de l’image. Incrédule, le patient est guidé dans son raisonnement par l’opérateur, et la discussion s’engage sur la nature de l’art et sa correspondance avec les mystères de la lumière. La performance photographique est ici d’une profonde générosité, elle associe le fondement même de l’histoire de la représentation à l’éveil de la conscience.
Ohm-art est une compagnie née en 2005, sous l’impulsion de Sarah Mulot, diplômée de l’école nationale de photographie d’Arles. Son objet a pour but de créer des projets autour du médium photographique, sous la forme de performances, en provoquant la rencontre, autour de procédés d’apparition d’images et de conversations intimes. La forme de la compagnie se situe entre les arts vivants et les arts plastiques.
Les projets sont mis en place essentiellement sur des territoires particuliers (Hôpitaux, maison d’arrêt, banlieues, maison de retraite) ce qui constituent pour nous des contraintes qui nous permettent d’envisager des formes novatrices en forme participative.
Sarah Mulot
Diplômée de l’école d’Arles, directrice artistique et plasticienne. Travaille depuis 2005 en collaboration avec les publics sur des formes performatives, utilisant l’image pour provoquer des rencontres et associant l’image à d’autres médias pour trouver des formes novatrices de présenter l’image dans l’espace public.
Julien Vadet
Diplômée du conservatoire en électro-acoustique, travaille depuis 2007 sur des compositions musicales associant captations de voix et musicalité.
Les dispositifs sonores tant au niveau des captations que des restitutions sont pensées comme des propositions intimes.
Cédric Champeval
Diplômée des Arts décoratifs de Genève en Bijouterie, il s’est tourné vers la performance. Il utilise son corps pour développer son art et participe du rayonnement de chaque projet en provoquant interrogations de la part des publics.
Pharoah Marsan
Diplômée de l’école d’Arles, photographe. Son travail tourne autour des notions de paysages urbains, de résistance du milieu végétal, de nostagie.
Exposition
•23 nov. 2011 — 14 janv. 2012
Cité des Arts
Jardin du Verney
73000 Chambéry