Karim Kal fait une description photographique de l'organisation de l'institution. En errant dans ces stocks, entrepôts et services, il dresse une image du processus de normalisation de l’espace strictement liée à son règlement intérieur. L’hôpital, en tant que projet de société doit être soumis à un certain degré de normalisation pour ne pas tomber dans le chaos.  Avec l’objectif de l’appareil photographique, l’artiste construit sa définition de la nature universelle des institutions médicales. La vidéosurveillance, visible sur une des photos sous la forme d'un petit écran de téléviseur, signale subtilement le contrôle présent. Suite à la réflexion de Michel Foucault, l'hôpital est un lieu où l’on installe, en les coupant en quelque sorte de la société, des gens qui ont des dysfonctionnements. En entrant dans ce monde intérieurement structuré, ils se soumettent à l’organisation, qui, de par ses méthodes, a pour mission de  rétablir en eux un fonctionnement « normal ». 

Cependant, Kal ne photographie pas d'humain. Dans son travail il n'y a pas de place pour l’histoire individuelle des malades, des mourants, pas de miracle de la naissance ni de joie d’avoir vaincu la maladie. La présence humaine est visible dans la collection d'objets personnels ou de traces d'exploitation de l'espace ou de l’équipement –  un sac froissé ou les murs rayés d’un couloir, par exemple. Cette démarche résulte de la décision consciente et radicale de l’artiste, qui depuis 2009 renonce à la forme du portrait et oriente l’objectif de son appareil vers son environnement. Il rend présent l’humain par son absence significative.

(Extrait du texte : « Gravé dans la mémoire » d’Anna Tomczak)

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Né en 1977 à Genève. Vit et travaille à Lyon

Le travail photographique de Karim Kal interroge les notions de flux migratoires, les identités territoriales en référence à l’histoire ou aux problématiques sociales et urbaines contemporaines.
Il s’attache à représenter le bâtit, le territoire urbain en tant que territoire social : un espace public qui devient un marqueur culturel, idéologique et politique d’une société.
S’il emprunte certains codes de l’image de presse, sa photographie se veut réflexive et développe sa propre forme poétique.

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