Propos de l'artiste

"L’hôpital, c’est une architecture spécifique, ce sont des murs, d’innombrables couloirs, escaliers et ascenseurs, des portes en enfilade, des numéros, des blouses blanches, des bruits et des silences. En émane la souffrance, des bonheurs et des effrois, parfois simultanément. Celui qui s’y trouve rétrécit son champ de vision, focalise son attention sur l’essentiel. La couleur du couloir, il ne s’en souviendra guère, ou mal. Sa vision de l’hôpital est intérieure, s’enracine dans le chaos des sentiments, entre rage et abandon, doute et confiance, espoir et désespoir.

La photographie, elle, nait d’un désir de rencontre. Elle procède d’une fulgurance, d’un croisement de temps et de constellations qui font surgir cette petite surface silencieuse aux quatre angles droits. Elle évoque présence et absence, ne montre rien, suggère tout, et renait chaque fois lorsqu’un regard se pose sur elle.  Sa vie est illimitée.

En 2016, le bâtiment Jacques Dorstter, ancien  lieu d’activité général du centre hospitalier de Chambéry, inauguré en 1972, cèdera sa place à une nouvelle construction plus conforme aux exigences technologiques et scientifiques.

Vidé de ses organes vitaux, mis à nu, il n’offre plus que des espaces déserts. Les entrées murées, il s’est refermé sur son histoire, une carcasse pleine de fantômes, cris et chuchotements.

Dans ce paysage cloisonné au futur certain, j’irai prélever des éclats, des brisures, à la lumière de l'impromptu, sans chronologie, ni exhaustivité. Des photographies comme des fragments d’une mémoire incertaine."

Née en 1949 à Kaiserslautern (Allemagne). Vit dans le sud de la France.

Après des années de reportages engagés, Beatrix von Conta s’oriente, à la fin des années 80, vers les problématiques du paysage contemporain dont elle relève depuis, sans nostalgie et sous des formes et approches différentes, les signes infimes ou marquants d’une mutation en cours. Son regard, attentif au moindre détail, s’attache à transposer la notion d’une stratification, d’un mille-feuille paysager, dont chaque couche détermine, associée et compactée aux autres, ce qui émane de l’image.

Le travail de Beatrix von Conta est représenté par la galerie Le Réverbère, Lyon.

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